Les adversaires de la Couronne canadienne critiquent souvent la monarchie sans en savoir toute l’information pertinente. De plus, les adversaires de la monarchie disséminent, souvent de manière délibérée, de la désinformation. Mais dans la plupart des cas les Canadiens ne sont tout simplement pas au courant de la façon d’opérer de leur gouvernement. Ce bref exposé fait le tour de la question et permet ainsi de rectifier les ouï-dire, et il enrichit notre savoir qu’un système éducatif parfois lacunaire qui aurait omis d’intégrer dans son curriculum une compréhension complète de la constitution du Canada.
Les Canadiens vivent dans est un pays diversifié et avec une mouvance parfois qualifiée d’ »étrangers ». Nous jugeons une personne, non pas sur la base de son lieu de naissance, de la couleur de sa peau ou de son accent, mais selon ses convictions et ses contributions à la société canadienne. Selon ce barème notre Reine est aussi Canadienne qu’on peut l’être, par ses années de loyaux service envers le pays, par sa fierté d’être la Reine du Canada et par notre affection réciproque envers elle, par son rôle de légitimation de la citoyenneté, du droit et de la constitution, et pour le lien qu’elle établit entre nous et l’alliance multiculturelle pacifique de tous les autres pays du Commonwealth; qu’est-ce qui pourrait être plus canadien que ça? Pendant l’absence de la Reine, le gouverneur-général et les dix lieutenants-gouverneurs, tous canadiens, la représentent.
La Reine Elizabeth II ne reçoit aucune contribution canadienne pour son rôle de Reine du Royaume Uni, de Chef du Commonwealth, ou de Souveraine de ses autres royaumes. De plus, la Reine du Canada ne reçoit aucun salaire du gouvernement du Canada. Ces faits démontrent que le rôle bénévole de la Reine au service de son peuple est sans précédent.
Comme on peut le voir dans le dernier numéro de l’étude trisannuelle sur le coût de la Couronne canadienne, chaque Canadien débourse environ 1,53 $ par année pour soutenir notre forme de gouvernement (au total environ 50 M$). La plupart de ce montant sert à: a) maintenir les édifices historiques et les résidences des représentants vice-royaux; et b) présenter des honneurs à des Canadiens qui se sont distingués.
Que le Canada soit une république ou une monarchie, les édifices historiques auront toujours besoin d’entretien et les Canadiens reconnaitront toujours les personnes qui se sont distinguées en leur décernant des honneurs. Il est probable qu’un président coûtera beaucoup plus cher—regardez le coût comparatif de la Maison Blanche ou du Palais de l’Élysée! Nous concédons qu’il y a peut-être bien des arguments qui peuvent être faits en défaveur de la Couronne, mais le coût de son entretien n’en est pas un.
Les Canadiens défraient les coûts de déplacement de la Reine seulement quand, en sa qualité de chef d’État, elle accomplit des tâches au Canada. Comme il a été maintes fois démontré, en 2010 et pendant ses autres retours au pays, les gens affluaient pour l’accueillir et prenaient un plaisir évident à Son passage parmi eux. La Tournée Royale la plus récente a coûté environ 15 cents par personne. Comme tous les pays, le Canada accueille souvent des dignitaires étrangers et finance leurs tournées canadiennes; des exemples incluent : le pape, l’empereur du Japon, les présidents des É-U et du Mexique. Il faut se souvenir que ces gens n’ont rien à faire avec le gouvernement du Canada, mais nous les accueillons comme nos amis, nos alliés et nos partenaires commerciaux de toute façon.
La Reine ne possède aucun rôle religieux au Canada. Cependant, en 1953 le Parlement du Canada a choisi d’inclure la phrase « Défenseur de la Foi » dans le titre du monarque. Quoique ce titre nous provienne de l’Histoire, de nos jours il peut s’interpréter comme un rappel du rôle de la Couronne à protéger la liberté de religion. La Reine assiste généralement à la messe dans l’église anglicane (sauf en Écosse où elle est membre de l’Église d’Écosse), de la même façon qu’une personne peut chercher une église, une mosquée ou un temple de sa propre foi. Le rôle de la Reine en relation avec l’Église d’Angleterre est réalisé en Grande-Bretagne seulement. Au Canada, le Reine ne fait la promotion d’aucune religion. De toute façon, elle possède le même droit constitutionnel de pratiquer sa religion que tout autre Canadien. Pour plus de renseignements sur la religion, la monarchie et le titre « Défenseur de la Foi », cliquez ici.
Cette idée est tellement ridicule que même le premier ministre séparatiste du Québec, René Lévesque, s’est joint aux autres premiers ministres provinciaux en 1978 pour admettre que tout pays fédéral avait besoin d’un arbitre impartial. Cependant, il est vrai que les séparatistes, qui ont pour objectif le démantèlement de l’unité nationale telle que nous la connaissons, s’opposent logiquement à toute institution de notre gouvernement. Il est improbable que les Canadiens veuillent accommoder cette prescription pour supposément « améliorer » le Canada. En même temps, il est bon de savoir que des millions de monarchistes dévoués rejetteraient en bloc toute concession sur certains aspects de la monarchie qui aurait comme objectif bien hypothétique d’assurer une meilleure unité nationale. La nature démocratique de notre régime signifie qu’il y aura toujours des discussions permises sur chaque aspect de notre système politique. Cependant, il existe certaines caractéristiques sur lesquelles le Canada a été fondé, comme la monarchie constitutionnelle, le système fédéral, la position des personnes aborigènes, la dualité des cultures francophones et anglophones, les nouveaux canadiens qui nous arrivent avec d’autres vécus et ont enrichi notre diversité à travers les siècles, et finalement notre particulier de pays du Nord.
C’est une erreur de croire les clichés, qu’ils soient véhiculés sur les monarchistes ou sur les républicains, on ne devrait pas croire de tels stéréotypes. En tout cas, les foules de tous âges qui ovationnent toujours la Reine quand elle vient et l’appui organisé pour la monarchie par les jeunes (beaucoup d’entre-eux expriment leur loyauté par la Ligue monarchiste du Canada) suggèrent qu’un grand nombre de personnes, peu importe leur âge, appuie la monarchie au Canada. Bien sûr, les anciens combattants, qui ont vu la guerre, sentent une connexion spéciale à la Reine et aux autres membres de la famille royale qui avait contribué à l’effort de guerre de la Seconde Guerre mondiale. La plupart des gens considèrent cette relation entre la monarchie et le Canada comme spéciale.
La famille royale, cette famille nationale que nous partageons ensemble, n’est pas très différente de notre propre famille : chaque membre a sa propre personnalité, ses intérêts et ses particularités. En même temps, si quelqu’un ne peut pas apprécier un membre de sa famille, cela ne signifie qu’il faille détruire l’institution familiale. Sans défendre ni expliquer les nombreuses qualités admirables du prince Charles, deux faits sont à souligner au sujet de l’ordre établi pour l’Héritier à la succession du Trône. Premièrement, un changement à la succession exigerait la réouverture de la constitution, avec en prime tous les débats et discussions qui viennent avec, quelque changement complexe que ce soit, et cela dans chacun des 16 gouvernements des royaumes du Commonwealth—dont il faudrait l’approbation unanime! Il est improbable qu’il y ait une volonté politique de s’engager dans une avenue qui risque fort d’être un échec et qui s’avérerait quand même préjudiciable à la monarchie. Deuxièmement, ceux qui admirent William désirent peut-être qu’il éprouve ce que la mort prématurée du Roi George VI a refusé à sa grand-mère, notre Reine—quelques années de bon temps pour se marier et élever une famille et apprécier l’intimité relative de la charge moins lourde qu’aura à supporter l’Héritier du Trône avant de devenir Roi. D’autre part, être catapulté sur le Trône en devançant son père dans l’ordre de succession ne serait convenable ni pour lui, ni pour son épouse, ni pour ses enfants.
La Charte des droits et la Reine ont tous deux un rôle très distinct. La monarchie continue de s’impliquer dans une myriade de causes dans la vie des canadiens et du Commonwealth d’une façon non-partisane qui cherche à unir le peuple. La Charte des droits, quoiqu’importante, est comme n’importe quel autre énoncé constitutionnel, un document politique au sujet duquel les canadiens peuvent être en désaccord (des Juges de la Cour Suprême eux-mêmes ont parfois argué avec éclat sur sa signification), et qu’ils peuvent chercher à amender. De par la constitution, la Reine constitue l’état canadien et est la source de toute autorité exécutive, et elle est aussi la commandante-en-chef des Forces canadiennes, de même qu’elle fait partie intégrale du Parlement. Ces fonctions ne sont pas des responsabilités que la Charte des droits adresse.
Les arguments sur le coût de la Couronne ont été déjà discutés ci-dessus. Comme les Canadiens sont en droit de s’attendre, les politiciens qui ont été élus par la population gouvernent au jour le jour. La Reine et ses représentants existent pour encourager le caractère de la nation, quelque chose qui est souvent esquivé par les politiciens. De la même façon, la monarchie se concentre sur ce qui unifie les Canadiens (au lieu de sur ce que les divise), elle célèbre nos idéaux, honore nos efforts les plus nobles, et elle existe pour protéger notre démocratie des crises et débâcles majeures. Cette séparation entre le pouvoir politique partisan et l’autorité formelle de l’exécutif semble bien fonctionner et semble plaire à la plupart des canadiens qui jouissent de libertés qui font l’envie du monde entier.
Après la Confédération, le gouvernement canadien a assumé du gouvernement colonial britannique la responsabilité d’en mettre les traités en application. De nos jours, les cours sont de plus en plus les arbitres des revendications territoriales et de celles d’autres types. Il est évident que les personnes aborigènes respectent la Couronne canadienne de par leurs accueils chaleureux envers la Reine et envers le prince de Galles au cours de leurs nombreux retours au pays. Les autochtones se considèrent des alliés et non pas des sujets de la Reine et reconnaissent que leurs doléances viennent des actions ou inactions des différents gouvernements et non pas de la monarchie-même, qu’elle soit britannique ou canadienne. Une cour de justice neutre d’où les procureurs de la Reine peuvent adjudiquer leurs revendications et une société canadienne qui fasse de plus en plus montre de compassion et d’ouverture, sont les meilleures assurances d’une évolution vers une relation de coopération et de respect entre les Premières nations et ceux qui ont abouti sur leurs terres.
L’évolution pour une personne peut être de la régression pour une autre. Il est difficile d’imaginer que la monarchie ait pu freiner le développement moderne et progressiste du Canada—leader mondial du maintien de la paix, des appareils BlackBerry, du Canadarm, de la recherche environnementale et d’autres domaines. Il y a de nombreuses monarchies dans le monde (comme le Japon, la Barbade, l’Espagne et les Pays-Bas), et il parait que ces divers pays fonctionnent très bien avec leur système de gouvernement. Au bout du compte on en retient qu’il s’agit de manifestations de libre expression d’opinions. Il convient jeter un coup d’œil à l’Indice de Développement Humain dans le rapport annuel des Nations-Unis. En 2009, l’édition la plus récente, six des dix meilleurs pays sont des monarchies alors que quatre sont des républiques. Bien que cela ne « prouve » pas qu’une monarchie soit supérieure à un république, c’est tout de même une preuve qu’une monarchie n’est pas un obstacle à la modernité et au progrès.
La faiblesse la plus évidente de ceux qui proposent l’abolition de la monarchie au Canada est l’absence d’une alternative supérieure qui soit crédible et démontrable. Le changement juste pour le changement exigerait des bouleversements constitutionnels énormes; le gouvernement du Canada serait détourné à imiter d’une certaine façon les caprices du système de gouvernement des États-Unis. Ce qui serait une curieuse décision pour des gens qui se disent envahis et menacés par la culture au sud de la frontière! Comment un président élu pourrait-il améliorer même un seul aspect de la vie actuelle au Canada? Réduirait-il l’encombrement dans les classes? Réduirait-il les impôts? Deviendrions-nous plus patriotes? Si nous maintenons un chef d’état élu, qu’il se fasse appeler gouverneur-général ou quoi que ce soit d’autre, comment est-ce que les canadiens bénéficieraient, en termes concrets, de ce déracinement de notre histoire entière et de notre expérience actuelle de nation stable et respectée qui a des traditions et un mode de vie politique et social distinct, que la plupart d’entre nous aimons bien?